Après les remparts de l’Atelier 1515, la route se poursuit à Thiers. Toujours loin de l’agitation, Jean-Pierre Raynaud continue son carnet de voyage parmi les couteliers qui ouvrent leurs portes en marge de Coutellia.
Cette fois, il s’arrête chez Benjamin Laraud et Pierre Thomas, réunis sous le nom Ôdae, dans un ancien bâtiment centenaire au cœur de la ville.
Fidèles à l’esprit initié par Tim Bernard, ils ont choisi d’accueillir leurs clients la veille du salon, dans une ambiance calme et privilégiée, pour partager un moment d’échange autour de leurs créations..
Un moment privilégié avec les revendeurs
Pierre Thomas résume cette démarche à la fois conviviale et respectueuse du lieu.
« L’idée, c’est de passer le vendredi après-midi au calme avec nos revendeurs, en ayant préparé une table à leur intention avec une quinzaine de pièces. Cette initiative ne nous met pas en concurrence, car notre style est différent, avec des gammes de prix assez équivalentes. J’ai gardé l’état d’esprit du bâtiment au niveau de la disposition des machines au rez-de-chaussée et au premier étage, et j’ai transformé le grenier en showroom. »
Des créations aux identités affirmées
Après cette première journée consacrée aux échanges avec leurs revendeurs, l’atelier retrouvait son calme avant d’ouvrir de nouveau ses portes le lendemain.
Le deuxième jour, les quatre couteliers exposaient ensemble, avec des pièces préparées spécialement pour l’occasion et destinées cette fois aux visiteurs. Chacun présentait ses créations dans un esprit commun, sans concurrence mais avec le plaisir partagé de montrer son travail.
Pierre Thomas présentait deux nouveautés inspirées de la navaja, parmi lesquelles un modèle à cran forcé et l’Aiga, une pièce dotée d’une lame en Damas, d’un manche en ivoire de mammouth et de vis plaquées or, en plus du Passager, devenu emblématique de son travail.
Présent à l’EKS et au premier Salon de la chasse à Mantes-la-Jolie, Benjamin Laraud considère que cette organisation en deux temps permet de donner le choix aux professionnels tout en garantissant des tables bien garnies dès le samedi matin.
« Même si le couteau est vendu le vendredi, il reste exposé le week-end pour que le visiteur puisse l’apprécier.»
La course du soleil
Après deux journées d’échanges intenses, Benjamin Laraud présentait plusieurs pièces personnelles réalisées autour d’un thème qui lui tenait particulièrement à cœur, la course du soleil.
Il avait réalisé un Oegopsyde, calmar géant tout en acier orné de pièces d’ambre, ainsi qu’un second modèle dont la lame en Damas “constellation” avait été forgée durant le Mondial.
Ces créations traduisent une approche où le geste et la matière racontent chacun leur voyage, entre précision et liberté.
Invités et savoir-faire partagés
À quelques pas du salon Coutellia, Tim Bernard, de plus en plus présent dans les salons américains, apprécie ce rendez-vous avec les professionnels qui viennent approvisionner leur boutique sans se faire bousculer autour des tables.
« Je réserve un stock à la vue des collectionneurs, de nouveaux liners avec des manches en os de dinosaure agatisé produit par Raffir, et des lames en acier carbone forgées maison, 280 couches avec quatre nuances d’acier. »
Une coutellerie tournée vers l’avenir
Face à la baisse des ventes observée depuis janvier, les artisans poursuivent leurs démarches de prospection.
Ils participent à différents événements et explorent de nouvelles clientèles afin de vendre leur production en dehors des salons traditionnels, là où les couteliers ne sont pas toujours attendus mais où les visiteurs manifestent un réel intérêt pour leurs créations.
Portrait
Aux côtés de Benjamin Laraud, Pierre Thomas et Tim Bernard, l’événement accueillait également un invité venu de loin : Shawn Shropshire, coutelier américain originaire d’Oklahoma.
Ancien motard de la police, il avait déjà un couteau de poche à l’âge de cinq ans, Shawn se souvient :
« Au début des années 2000, j’ai fabriqué mon premier couteau. En 2018, j’ai gagné les épreuves de l’émission Forged in Fire et depuis, je voyage dans le monde entier. »
À suivre …
Cette journée à Thiers s’achève sur ces rencontres marquées par la passion et le partage mais le voyage continue avec une dernière étape à venir, l’Atelier Antoniucci, qui viendra conclure cette série au cœur des ateliers thiernois.
Vous aussi, ouvrez vos portes et faites découvrir votre atelier à nos lecteurs en nous contactant pour apparaître dans notre prochain reportage terrain.
Faire escale à l’atelier Ôdae
Atelier Ôdae
5 rue Durolle – 63300 Thiers
06 78 92 73 92
www.atelierodae.com
